
Attention dinguerie ! le site Musicmap vise à fournir la généalogie ultime des genres musicaux populaires, incluant leurs relations et leur histoire. C’est le fruit de plus de sept années de recherche, basée sur plus de 200 sources répertoriées, comparées à de nombreuses autres tentatives de généalogies visuelles. Allez-y, la plongée visuelle est vertigineuse.
Le principe est de regrouper les genres étroitement liés (« genres frères ») et de coder par couleur des groupes de genres beaucoup plus vastes (« super-genres ») : c’est l’image du haut. Jusque-là, rien d’extraordinaire, mais on a déjà une vision chronologique (en haut, le passé et les racines de tout ça, classique, folk, world… et en bas le futur ; il faut imaginer qu’on a une sphère mise à plat, si bien que l’Industrial à gauche se retrouve aussi à droite.
C’est quand on commence à zoomer pour atteindre la couche plus profonde que ça commence à devenir spectaculaire :

Là on arrive au détail des genres (tous les noms en majuscules), tout de même volontairement réduit à 234 pour permettre une orientation facile et une bonne vue d’ensemble (il pourrait y en avoir de 600 à plus de 1000, selon les sources). On peut faire glisser la carte où on le souhaite et effectuez un zoom avant ou arrière. Si on se rapproche encore un peu, ça donne ça :

La première réflexion que ça m’inspire, c’est que le prochain client qui m’affirme sans ciller : « j’écoute de tout », je lui colle le site sous les yeux : « ah ouais ? même du Moombathon et du Crunkcore ? » – quant au client monogenre, je me ferais un malin plaisir à lui signaler que sa culture musicale est hélas limitée à 1/234ème de ce qui existe (ne parlons pas du client monoartiste, qui risque la syncope si je lui montre Musicmap, là je laisse la psychanalyse officier).
Un des buts de Musicmap est d’inciter les gens à explorer le monde de la musique et à faire des découvertes en dehors de leur zone de confort – je souscris, c’est aussi ce que j’aime quand cela se produit en boutique. Pour cela, le site est bien foutu, quand on s’arrête sur un genre (sans cliquer), on voit toute sa généalogie, comme ici avec le Grunge :

Les traits pleins montrent les origines ou les dérivés primaires, les pointillés les origines ou les dérivés secondaires et les pointillés zarbis les « backlashs », c’est-à-dire les genres en réaction auxquels le grunge s’est constitué, en l’occurrence les paillettes du Glam (rock ou metal). Et si on veut en savoir en peu plus, on peu cliquer, ce qui ouvre une fénêtre descriptive, et on a même droit à une playlist de vidéos pour se faire une idée – pour le grunge, ils ont même eu le bon goût de proposer Mother Love Bone – Bone China !
Evidemment, l’exercice à ses limites – je suis par exemple effaré par le nombre de genres relevant de l’électro (le Moombathon, franchement, combien de divisions ?) et on pourra toujours discuter de leur pertinence strictement musicale, d’ailleurs systématiquement récusée par les artistes eux-mêmes (cf. le Grunge, tiens !), ou leur importance historique (un genre représenté par des milliers d’artistes sera au même niveau qu’un truc où une poignée DJs ont décrété que ce qu’ils faisaient était un poil différent de ce que font leurs collègues).
Reste que Musicmap est quand même une sacrée baffe visuelle et que si vous avez déjà du mal à classer votre collection de vinyles de façon cohérente, ça pourrait vous aider !
