Ces petits bijoux sont encore quelque part dans l’arrière-boutique, personne ne semble les avoir remarqués… grave erreur !
The Big F – The Big F – 1989

Si tu n’étais pas un kid californien gavé à MTV en 1989 ou un collectionneur de pochettes inspirées de Jérôme Bosch, peu de chance que tu aies entendu parler de The Big F. Le power-trio s’est formé l’année précédente, avec deux ex-Berlin (LE Berlin, le groupe pop dont le Take My Breath Away (écrit par Giorgio Moroder) a cartonné grâce à Top Gun) et c’est difficile à croire tant les deux groupes n’ont rien à voir. The Big F est une orgie sonore, ça part dans tous les sens, avec une inventivité folle dans les rythmiques et les solos, et un chanteur aux apparences gentillettes mais qui doit en vrai être complètement déglingo (il finira d’ailleurs born-again Christian). Malgré deux singles tueurs, des premières parties de renom et la hype « hard » de la fin des années 1980, le groupe ne rencontre pas les succès. Suivra un deuxième album en 1993 (4 ans d’écart entre deux disques, à l’époque, c’est un suicide), Is, qui sans être mauvais ne réédite pas l’exploit du premier, puis plus rien.
Mary My Hope – Monster Is Bigger Than The Man – 1990

On reste aux Etats-Unis à la même époque, mais du côté d’Atlanta, avec Mary My Hope. Bon, autant dire que je ne vais rien t’apprendre puisqu’on ne trouve quasiment rien sur eux ! Ils sortent leur unique album, Museum, en 1989 et c’est un chef d’œuvre absolu – à tel point que je garde mon exemplaire, merci – mais rigoureusement impossible à définir. On peut se hasarder à signaler que le guitariste ira traîner ses guêtres du côté des Swans tandis que le batteur ira officier chez les Black Crowes, ce grand écart étant peut-être une bonne façon de résumer la diversité de Mary My Hope. Bref, le Monster Is Bigger Than The Man qui nous occupe ici est un disque hybride, la première face étant composée d’unreleased tracks – de bons morceaux mais sans la puissance tellurique qu’apportait la production sur Museum, en particulier Salvation Bus qui fait partie de ces titres gravés quelque part dans ton cerveau et qui te reviennent en tête sans crier gare – et la seconde étant un « best of » de Museum (donc sans le meilleur titre à mon goût).
Thornetta Davis With The Big Chief Band – Shout Out – 1994

Né en 1989 dans le Michigan, Big Chief fait partie de ces groupes qui aura loupé le coche malgré un sacré potentiel, peut-être parce qu’il avait son gros cul entre deux chaises. Leur premier album, Face, sort sur Sub Pop en 1992 (un an plus tôt en Allemagne, bizarrement), en pleine euphorie grunge, mais avec de forts relents de stoner, genre encore balbutiant. Le deuxième, sorti en 1993, est une sorte de BO blaxploitation à la sauce stoner, qui déconcerte alors un peu par sa structure et l’irruption de cuivres et de chœurs soul/funk. On y trouve déjà une chanteuse rhythm &blues à coffre de Détroit, Thornetta Davis, qui s’acoquine avec le groupe renormmé pour l’occasion The Big Chief Band le temps de cet EP, Shout Out, qui sera la dernière production du groupe. Si tu te demandes ce que donnent James Brown et Funkadelic repris par des graisseux, eh bien ce disque est fait pour toi.
Kooga – Across The Water – 1986

En dehors des poireaux et des Manic Street Preachers, le Pays de Galles compte aussi parmi ses fiertés nationales Kooga, mais sans doute les Gallois l’ignorent-ils eux-mêmes. Et pour cause, Across The Water, leur seul album, échoue en 1986 sur le label français High Dragon Records (sous-label de Black Dragon Records). C’est parfait pour que sa magnifique pochette avec son Ophélie qui se serait fait bouffer par un cougar tape dans l’œil des lecteurs de la presse métal hexagonale de l’époque, mais peut-être pas pour espèrer une carrière internationale. Et à mon sens, c’est bien dommage parce que ce disque est pour moi une dinguerie et des morceaux comme Across The Water, Lifeline ou Lay Down Your Love s’incrustent dans ton petit cerveau à tout jamais – enfin si l’on aime le hard FM un peu prog – et les claviers (omniprésents, mais vraiment chouettes, les riffs sont monstrueux) ! Pour savoir si les musiciens ont fait autre chose de leur life après, il faudra demander aux Gallois.
Straw Dogs – We Are Not Amused – 1986

Retour aux US avec les Straw Dogs. Le groupe est issu des F.U.’s, combo hardcore bostonien ayant laissé quelques traces discographiques. Leur premier album, We Are Not Amused, porte bien son titre. D’abord musicalement : on est quelque part dans la galaxie hardcore, avec quelques relents thrash qui annoncent incontestablement le crossover (ils ont opté pour le nom Straw Dogs pour sonner metal, mais leur musique reste assez inclassable). Ensuite parce que leur batteur de 17 ans, Bones, s’est tué dans un accident de voiture à peine ses pistes mises en boite (le disque lui est dédié) et lorsqu’on entend l’intro furieuse de Carnival In Hell, qui ouvre le LP, on le regrette nous aussi. Suivra un deuxième album, que je n’ai jamais aperçu nulle part, puis plus rien. We Are Not Amused est un testament sublime.